De gauche à droite : Véronique Poitou Directrice Reseau Entreprendre ®Val de Marne, Amélia Matar Fondatrice Colori Education, Hélène Boulet Supau Co-fondatrice EDUCAWA, Olivier de la Chevasnerie Président Reseau Entreprendre ®National, Aude Henri Directrice de la Recherche ESME, Alain-Philippe Etlin, Président de Réseau entreprendre Val de Marne.
Le 8 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits de la Femme, Réseau Entreprendre a invité deux femmes aux parcours atypiques et hors normes : Hélène Boulet-Supau et Amélia Matar. Cet évènement convivial a réuni des chefs d’entreprises à l’école d’ingénieurs ESME. En l’absence de Véronique Bonnet, la Directrice Générale de l’école, les invités ont été accueillis par Aude Henri, la Directrice des Recherches. La conférence, suivie d’un cocktail a été l’occasion pour les invités de débattre sur la place de la Femme dans le milieu entrepreneurial et plus précisément dans le monde de la technologie.
Réseau Entreprendre® Val-de-Marne est une association de chefs d’entreprises qui a pour vocation d’accompagner et de financer les créateurs et repreneurs d’entreprises à fort potentiel de création d’emplois dans le Val-de-Marne. Il était donc normal de choisir Hélène BOULET-SUPAU pour son témoignage sur le thème : Passez de 20 à 400 salariés : osez développer votre ambition professionnelle ! Autre témoignage, celui d’Amélia MATAR, fondatrice de « Colori Education » sur le thème : L’évolution nécessaire des femmes dans la tech.
Avoir de l’ambition
L’ambition a été le moteur de ces deux femmes entrepreneures. Hélène Boulet-Supau travaillait pour une importante société dans le domaine de la Finance où elle finit par s’ennuyer ! Elle décide de changer de vie pour devenir entrepreneure : « c’est un acte de création, on développe, on créé. J’ai travaillé dans différents secteurs d’activité, je me suis associée avec une styliste pour développer deux boutiques de prêt-à-porter. Un jour, en 2006, un ami me demande de venir visiter « Sarenza » en crise. L’année suivante nous proposons un plan de redressement, c’est un succès phénoménal qui se poursuivra pendant 12 ans. L’entreprise est passée de 20 à 400 salariés », nous raconte-t-elle, enthousiaste, devant un public très attentif.
Plus récemment, Hélène Boulet-Supau crée avec une autre entrepreneure « EDUCAWA» une plateforme pour aider les enfants à aimer leurs devoirs : tout un programme ! « Notre objectif avec « EDUCAWA », entreprise de l’Economie Sociale et Solidaire, c’est de favoriser la transmission par les séniors aux enfants, en apportant des outils d’aide aux devoirs, afin que transmettre et apprendre, soit un moment de plaisir. Ainsi, les grands parents, se sentent utiles et ils peuvent aider des enfants à aimer leurs devoirs. »
Pour Amélia Matar, l’ambition s’est construite par étapes. La première ambition de la jeune femme qui a grandi dans une ZEP à Bondy était de sortir de ce milieu social. Elle réussit, et sort classée d’une grande école de commerce. Elle a rapidement l’idée de créer des ateliers pour les petits afin de leur apprendre à coder sans écran, et à transformer des langages.
La seconde ambition est passée par un crowdfunding … Elle prévoit d’ici 2026 d’étendre cette activité dans 500 villes sur le territoire, de toucher un million d’enfants et d’exporter « Colori Education » à l’étranger. A l’heure du numérique et de la Data, la jeune femme déclare : « nous avons le devoir moral d’aider et de protéger nos enfants. C’est la raison pour laquelle j’ai créé « Colori Education ». Nous formons les enfants de 3 à 8 ans aux sciences informatiques sans écrans, par le jeu, les contes et l’imagination pour leur apprendre à coder, dans l’esprit Montessori. Nous dispensons une cinquantaine d’activités, la principale c’est le conte. Il met en scène : une petite fille, un petit garçon, un robot, et chapitre après chapitre on traite des sujets comme les algorithmes et la programmation. L’enfant reçoit des instructions précises qu’il doit colorier à partir d’un programme ». Avec une telle proposition, il est normal que la jeune femme ait été lauréate de Réseau Entreprendre ® en 2020 !
Les Femmes dans la Tech : bientôt une réalité ?
Hélène Boulet-Supau le reconnaît volontiers : « l’ambition est souvent connotée négativement quand on est une femme. Dans les années 80 on disait aux femmes de concilier carrière et famille. Lorsque j’ai décidé de développer Sarenza avec mon associé, personne ne m’a encouragée dans mon entourage et pourtant nous avons redressé l’entreprise en 18 mois. Il y a une vraie difficulté quand les jeunes filles font de la Tech, souvent elles n’y restent pas. L’accompagnement a besoin d’être fait sur la durée. Les hommes doivent accompagner les jeunes filles dans la Tech, cela concerne tout le monde ».
De son côté, Amélia Matar constate : « Une étude de 2017 précise que les petites filles à 6 ans, s’identifient comme étant moins intelligentes que les petits garçons. Aujourd’hui, la Tech façonne la société. Il faut à tous les âges inciter les jeunes filles à choisir ces filières et reconstruire la vision de la Tech ». D’autres statistiques montrent qu’il existe un réel problème de la représentation des femmes ingénieures … Ceci, alors que les entreprises semblent souhaiter en embaucher. « Colori Education » est justement l’une des solutions pour aider, dès le plus jeune âge, les fillettes à se sentir davantage à l’aise dans le milieu de la Tech. Damien Romanet, directeur des relations entreprises, a pris la parole pour expliquer avec humour combien il soutient les femmes du fait qu’il y ait peu d’ hommes au sein de la direction de l’école. Il est chargé de la mise en place d’une politique femme / homme au sein de l’école, et à ce titre, il a précisé à l’auditoire qu’en 1990, il n’y avait que 4 jeunes filles sur les 110 élèves. Aujourd’hui elles représentent 28% des étudiants de l’ESME.
Véronique Poitou, la Directrice de Reseau Entreprendre ® Val de Marne, accueille des chefs d’entreprises hommes et femmes : « j’ai pris ce poste après une lignée d’hommes Directeurs qui n’organisaient les événements que le soir après le travail. J’ai adapté le rythme des rencontres du Club a un rythme de vie de famille qui convient mieux aux femmes. Les évènements s’échelonnent sur une journée, du petit déjeuner, jusqu’aux réunions et réception de fin de soirée. Je reconnais que je recherche encore une mixité pour créer un bon équilibre au sein du réseau. J’aimerais bien compter sur d’avantage d’entrepreneures parmi les accompagnatrices et les lauréates ». Cette recherche de la mixité Homme – Femme rentre aussi dans le programme WOM’energy mis en place par le Réseau Entreprendre ® National. Force est de constater que cette journée du 8 mars a permis de mettre en évidence de réelles avancées dans le milieu entrepreneurial féminin, notamment dans la Tech, et sur la place de l’ambition dans un parcours.