J’ai produit et réalisé cette vidéo, en collaboration avec Patrick Charrenton, dans le cadre du 4e plan autisme, qui comprendra une enveloppe de 344 millions d’euros sur cinq ans pour améliorer la prise en charge de l’autisme. Notre reportage présente une solution de thérapie éducative par la musique.
Conférence musique et autisme, Conservatoire Jean Wiéner, Bobigny
Kristian Schott : « Je suis autiste dit de haut niveau. Pourquoi de haut niveau ? C’est quoi l’autisme ? En fait, je ne vais pas vous faire tout le truc avec le manuel de diagnostics international ou américain, mais j’ai entendu tout à l’heure quelque chose qui est une petite erreur à corriger, c’est que ce n’est pas un handicap psychique, c’est quelque chose de sensorielle. C’est-à-dire qu’en fait, il faut vous imaginer par exemple un costume en poil à gratter, avec à peu près les spots que j’ai dans la tronche là, en permanence, qui clignotent, avec des bruits, énormes, tout le temps, qui font énormément de bruit, des odeurs terribles, genre passer devant Sephora, des goûts, je vais vous mettre du gingembre dans la bouche avec du poivre et plein de choses, et vous mastiquez lentement, et vous avez ça, comme ça, qui vous prend la tête en permanence, 24 heures sur 24, il n’y a pas de répit. Parce que si je vous mettais dans un costume comme ça, au bout de 5 minutes évidemment vous commenceriez à pleurer. Nous, on naît comme ça, on vit comme ça, et on trouve des stratégies pour essayer de supporter ça. Alors évidemment ce n’est pas conscient, c’est pour ça que je dis que ce n’est pas psychique comme particularité, parce qu’on n’a pas forcément conscience de ça, mais on le vit comme ça, ce qui fait que les enfants sont agités, crient, hurlent, font des tas de trucs. Voilà c’est compliqué. »
Conférence musicale « Monkology », Patronage Laïque Jules Vallès, Paris
Kristian Schott a commencé le violon à l’âge de 5 ans. Il ne communiquait pas et la seule chose qui le calmait était la musique. Depuis il est compositeur-interprète avec une préférence pour l’improvisation. La musique c’est sa vie.
Kristian Schott : « Et donc c’est très physique, c’est très corporel, c’est très sensoriel. Et c’est très sensuel aussi, ça peut. Et puis ça exprime toutes les émotions, la colère, la joie, enfin plein de choses, donc c’est très riche. Ça m’a apporté aussi la possibilité de parler, parce que finalement j’ai développé l’air des sons avant de développer l’air des langages, qui ne fonctionnait pas, puisque j’étais autiste non verbal. Et donc je ne parlais pas, je communiquais très mal, avec juste un mot à la place d’une phrase. Et en fait, je ne savais pas demander quoi que ce soit. Et finalement, à force d’écouter de la musique, à force d’écouter des gens chanter, j’ai compris que les gens qui chantaient en fait ils parlaient, j’ai compris que les gens qui parlaient avant ils chantaient, j’ai compris que les mots, chacun à sa définition des mots, avec le chant du langage les gens arrivent à se comprendre. »
L’association Apte : Autisme, piano et thérapie éducative
Le violoniste s’est produit en concert avec l’association Apte. Il accompagne de jeunes élèves autistes qui ont appris le piano avec Françoise Dorocq. Étienne, 16 ans, a déjà une longue expérience.
Étienne Noël : « Moi j’apprenais le piano au moins quand j’avais 7 ans, il y a longtemps. En fait j’aime bien jouer le piano, c’est parce qu’en fait moi j’aime bien les musiques, et aussi avec les musiques, avec les partitions, je connais La Danse des kangourous, je connais Tribal Dance, je connais Clairon, je connais ‘O sole mio, je connais La Panthère rose. »
C’est la première fois qu’Étienne autorise sa mère à assister à sa leçon de piano pour l’occasion.
Irène Noël : « Eh bien je suis impressionnée en fait, j’ai trouvé que c’était une vraie leçon de piano, avec un professeur qui indique les notes. Je suis étonnée surprise et impressionnée. Il a fait énormément de progrès. Il a appris à lire les notes. De toute façon, il a énormément changé, entre le moment où il avait 7 ans et aujourd’hui, maintenant il est devenu un adolescent. Il est beaucoup plus cadré, calme, sage. Et au niveau du piano, ça lui a apporté au niveau de la structuration, il faut lire les notes, cela passe par le cerveau, donner la consigne à la main, je pense que c’est positif à tous les niveaux. »
Le jeune pianiste a bien évolué aux yeux de son professeur, des années de travail et des résultats très satisfaisants.
Françoise Dorocq : « Étienne arrive, s’installe au piano, et on travaille d’une façon tout à fait ordinaire avec un autre enfant. On n’a pas toujours été comme ça, on a eu des moments très compliqués. Étienne a dépassé ses angoisses, est capable de jouer en public, avec le trac, et ça c’est très intéressant, parce qu’il a des émotions qu’il est capable de nous faire partager grâce à ce travail sur la musique. »
C’est en 2006 que Françoise Dorocq crée l’association Apte, Autisme, piano, thérapie éducative. Elle a mis au point la pédagogie Dolce, une technique pour apprendre le piano en douceur, depuis elle forment les enseignants et les élèves.
Françoise Dorocq : « La quantité d’élèves que j’ai suivie, que nous suivons maintenant est très importante. Au jour d’aujourd’hui par rapport à tous les professeurs qui ont été formés par Apte, donc par moi, il y a à peu près entre 65 et 80 professeurs, un peu partout en France, on doit être à peu près à 400 élèves. »
Les objectifs de Françoise Dorocq : rendre accessible pour les personnes autistes la pratique instrumentale dans les conservatoires et les écoles de musique, sur tout le territoire. Cette musicienne au grand cœur prévoit aussi de créer des centres Autismus en France et en Europe.
Pour en savoir plus sur l’association Apte visitez leur site internet