Passionné de l’espace, Michel Tognini a débuté sa carrière en 1970 comme pilote de chasse puis il devient pilote d’essai. En 1985 il se présente au concours du Centre National d’Études Spatiales, sur mille candidats, seuls sept sont retenus. La voie des airs lui est grande ouverte, cinquante ans plus tard il œuvre toujours dans les espaces interstellaires, à partir de la terre.
Sa carrière d’astronaute a vraiment commencé en 1986 en URSS lorsqu’il s’entraîne comme remplaçant de Jean-Loup Chrétien lors d’un entraînement de cosmonaute. Les entraînements se succèdent, il devient titulaire et effectue son premier vol dans l’espace en 1992 sur Soyouz avec arrimage à la station MIR. Puis c’est le retour en France où il suit l’enseignement de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale. En 1995 c’est la NASA qui le contacte et le voici à Houston avec Jean-Loup Chrétien pour un entraînement d’astronaute. En 1999, il effectue son deuxième vol spatial dans la navette Columbia. De 2003 à 2011 il dirige à Cologne le Centre d’entraînement des astronautes européens, il aura Thomas Pesquet parmi ses élèves.
Un enseignement hyper sélectif
Au cours de son passage dans ce centre d’entraînement Michel Tognini a recruté six astronautes : un allemand, un danois, une italienne, un italien, un anglais et notre Thomas Pesquet national. Les principales qualités pour être astronaute 2.0 sont :
- Être capable de faire des missions sur des stations spatiales, Lune ou M ars, et être polyvalent.
- Correspondre aux critères du CHAM c’est-à-dire, avoir de la Congruence (je pense ce que je dis et je fais ce que je dis), de l’Humilité, de l’Assertivité (non agressif) et de la Motivation.
Ce formateur d’exception se souvient : « les entraînements étaient ciblés ils ont tous été opérationnels et excellents. A la base il est indispensable qu’ils soient dans la confiance les uns envers les autres ».
Un emploi du temps bien rempli
L’homme qui a la tête dans les étoiles est bien arrimé sur terre depuis 2011. Il a participé à des conférences sur l’espace, conférences qui ont évoluées vers un nouveau thème : espace et management. Son auditoire est composé d’étudiants de HEC et aussi de membres de l’APM (Association Progrès du Management) pour les responsables d’entreprises. C’est d’ailleurs à une conférence donnée par le club SME (Saint Maur Entreprendre) que j’ai fait sa connaissance et qu’il m’a expliqué son intérêt pour les chefs d’entreprises : « Mon rôle est d’inciter les participants à prendre de la hauteur. Cette notion a rencontré un réel succès auprès des managers qui étaient encouragés à oser prendre des risques, et ils l’ont fait ! malgré ce que l’on peut penser, il y a beaucoup de similitude entre la vie d’un astronaute et les dirigeants d’entreprises ». A voir l’intérêt et l’émerveillement de son auditoire ce jour-là, nul doute que cet astronaute qui a effectué 2 vols dans l’espace et trois entraînements pour des vols spatiaux, est un personnage hors norme. Il est aussi responsable d’une école de pilotage d’avions, le GAMA à Étampes, parrain du planétarium de Vaux en Velin et Vice-Président de l’aéroclub de France. Ses activités couvrent la France entière car il est également membre de la Fondation Van Allen au sein de l’université de Montpelier. Les étudiants y sont formés aux métiers du spatial à travers le développement des nanosatellites dans le cadre de leurs projets et de leurs stages.
La tête toujours dans les étoiles
L’astronaute est membre de la société Spark Orbital dont la dernière innovation est une fusée avec un moteur imprimé en 3 D. Elle transportera des satellites de transfert de données notamment pour la 5 G. Actuellement Michel Tognini collabore aussi avec un spécialiste de l’intelligence artificielle afin d’apporter une aide psychologique pour accompagner pendant l’entraînement et en missions les astronautes qui effectuent des vols très long dans l’espace. L’invention se présente sous forme d’un robot, « Cimon 1 » suivi de sa nouvelle version « Cimon 2 » qui est déjà en activité. Il est présent auprès des voyageurs de l’espace pendant les entraînements et les vols pour se transformer en « interlocuteur empathique ». Un autre système est également à l’étude, dans la continuité de ce qui passionne cet enthousiaste de l’espace : « Nous travaillons sur un autre système qui devrait être au point d’ici une trentaine d’années pour aller sur Mars. Je crois au robot comme support de l’Homme et au service des Hommes. Je pense qu’il deviendra aussi un soutien moral pour la population sur terre ».
Son avis sur le confinement
Tous ces derniers mois, le monde entier a vécu une période trouble et déstabilisante à cause du COVID 19, avec le confinement, puis avec le couvre-feu et à nouveau avec le confinement. Michel Tognini déclare qu’il ne connaissait pas le mot « confinement » avant l’épreuve du coronavirus : C’est vrai que lorsque nous sommes en missions nous sommes enfermés dans une station spatiale exiguë, parfois jusqu’à quatorze mois, on pourrait croire que nous le vivons comme un confinement mais il n’en est rien. Nous sommes en missions spatiales, on n’a jamais utilisé le mot confinement, pour moi il a une connotation négative. Je pense qu’on aurait peut-être mieux dit « restez à la maison pour sauver des vies ». C’est une image positive, alors que le mot confinement donne une impression d’écrasement ».
L’univers de la conquête spatiale continue d’évoluer et il est possible que les américains retournent sur la Lune dans quatre à cinq ans. De même, Axiom Space envisage d’implanter une station spatiale commerciale autour de la terre, aux environs de 2025. Michel Tognini qui a déjà écrit deux livres, sortira le prochain au titre prémonitoire, « le café de l’espace », d’ici la fin de cette année !
bravo Anne